Test d’écoute du Canor Virtus A3
Test d’écoute du Canor Virtus A3
La grande nouveauté de cette rentrée 2025 chez le slovaque Canor, c’est l’amplificateur intégré Virtus A3. Nous l’avons reçu tout début septembre au magasin, et nous attendions d’avoir le recul suffisant pour vous en parler. Après de nombreuses séances d’écoute (tant en rendez-vous client que lors de notre dernière journée Portes Ouvertes), nous nous sommes forgés un avis sérieux sur la machine, désormais quasiment rodée. Et nous pouvons déjà vous dire qu’il s’agit là d’une belle réussite.
Un peu de technique :
Le Virtus A3 est un amplificateur intégré hybride – accueillant donc une paire de tubes dans son étage de pré-amplification. Il est aussi doté d’un DAC, d’un pré-ampli phono compatible MM/MC, et d’un amplificateur de casque. La machine est d’une conception double-mono complète, assurant un très bon découplage des deux canaux, dès l’étage d’alimentation (ce dernier étant sérieux, costaud, et volumineux ; on comprend vite pourquoi le Virtus pèse 18 kg).
Face avant :
La façade avant du Virtus est simple et efficace, et son esthétique s’accorde parfaitement avec celle de la série 2.10 (CD et DAC). Le grand bouton rotatif central est doté d’un écran tactile, ce qui facilite le déplacement dans les menus et le changement d’input. Et à gauche de ce sélecteur central, on trouve les prises casque ; notons que ces dernières ne sont pas coupantes : lorsqu’on branche un casque, il faut appuyer sur le petit symbole « Headphone » (tactile) pour activer l’ampli casque et couper les enceintes.
Bien sûr, le Virtus A3 est disponible en Noir ou Silver.
Face arrière :
Là encore, il y a tout ce qu’il faut, sans fioritures ou redondances inutiles : l’entrée Phono, deux entrées asymétriques et deux entrées symétriques si l’on veut passer par un DAC externe, des entrées coaxiales, optiques, USB et AES pour récupérer le flux numérique d’un streamer ou d’une autre source numérique, et côté sorties analogiques : un RCA et un XLR. Les « triggs » In & Out permettent aussi de relier plusieurs machines Canor et qu’une d’entre elles puisse allumer les autres en cascade.
Notons un joli détail : l’intégration de petits vu-mètres au bouton central.
L’écoute :
Dès nos premières écoutes et malgré le manque de rodage des débuts, nous avons tout de suite senti que dans sa gamme de prix (autour de 6000 Euros), le Virtus A3 mettait la barre très haut. On ressent un grand naturel dans les timbres, une belle neutralité, et un côté clair et ciselé du médium et de l’aigu qui ravira les amoureux du détail. On sent aussi la marge de puissance étonnante de cet intégré (qui délivre 150W sous 4 ohms) ; voir plus loin notre essai sur la Watt/Puppy de Wilson Audio.
Pour évaluer le plus correctement possible ce nouvel intégré polyvalent, nous avons voulu écouter avant toute chose la partie pré-ampli à lampe + bloc à transistor de façon pure ; c’est à dire sans solliciter le DAC interne qu’embarque la machine. On choisit donc tout logiquement comme DAC externe le DAC 2.10 de chez Canor. Pour la source nous choisissons « Le Streamer » de la marque française Métronome, que l’on écoute sous Qobuz Connect. Et enfin le Virtus pilotera les enceintes Amélia de chez Esprit.
Les albums :
Nous choisissons pour commencer l’album Trio Sud de Sylvain Luc, le titre La complainte de la butte.
L’intro de Sylvain Luc (jusqu’à 0 min50) est déjà un pur plaisir : netteté et justesse dans les timbres de sa guitare, et beaucoup de précision dans les attaques de notes. Mais l’entrée du trio à 0 min50 continue de nous embarquer : la contrebasse s’épanouit, et on sent que la rapidité dans le grave n’est pas un problème pour le Virtus. On n’a d’ailleurs pas besoin d’écouter fort pour avoir du détail tout le long du spectre ; et jusqu’à la fin du morceau, l’ampli « s’efface » déjà au profit de la musique – ce qui est très bon signe – et on retrouve bien la lisibilité de l’Amélia à toutes les fréquences.
Pour juger le Virtus sur la voix et l’orchestre, on choisit l’album Both Sides Now de Joni Mitchell, sur A Case of You.
Le quatuor à cordes au début du morceau est doux, à sa juste place. On retrouve là encore une bonne retranscription des timbres, et d’autant plus à 0 min47 à l’entrée de l’harmonie (bois, cor, harpe…). L’entrée de Joni Mitchell à 1 min10 est un vrai moment d’émotion musicale. Nous sommes surpris par la précision de la scène et par la présence de sa voix malgré le mixage qui ne la met pas toujours très en avant. Le Virtus ne se montre jamais montant, notamment à 4 min46 où Joni s’envole, et le saxophone soprano également.
Enfin nous souhaitons évaluer le Virtus sur un morceau très rythmé, nous choisissons Jake to the Bone de l’album Livefields, un live mémorable de Toto à Marseille en 1999.
Globalement, ça envoie ! Mais on note tout de suite une caisse claire qui pourrait être un peu plus percutante, et un grave généreux mais légèrement rond. Pas d’inquiétude, ça fait de la musique ! Mais c’est peut-être sur ce genre de répertoire qu’on se rend compte du gap qu’il y a entre ce Virtus et d’autres intégrés plus performants (mais bien plus chers). Le long solo de guitare qui commence à 3 min28 est un vrai régal, encore une fois jamais montant et toujours juste en termes de timbres ; on ressent les harmoniques de la guitare électrique avec beaucoup de transparence.
Autres situations d’écoute :
D’abord nous avons voulu évaluer la qualité du DAC interne du Virtus A3. Nous avons donc éteint le DAC externe 2.10, et relié directement « Le Streamer » au Virtus via un câble SPDif.
Aussi bien sur le Trio de Sylvain Luc que sur le live de Toto, nous sentons bien évidemment une différence avec le DAC 2.10 dédié (qui rappelons-le est à lampes), mais cette différence est subtile. Le DAC interne du Virtus présente plus « d’air », et un côté légèrement moins organique que ce qu’on obtenait avec le 2.10. Mais nous trouvons le DAC du Virtus tout de même très sérieux, et rappelons que c’est un vrai double DAC mono, à l’instar du reste de la machine (2 x ESS 9038).
Puis nous avons voulu tester le Virtus sur d’autres enceintes. Comme il s’en sortait déjà très bien sur l’Esprit Amelia (enceinte exigeante mais pas des plus gourmandes), nous avons voulu par simple curiosité, voir comment il s’en sortait pour piloter une enceinte plus énergivore : la Wilson Audio Watt/Puppy.
Eh bien c’est une des grandes révélations de ce test d’écoute : nous sommes bluffés ! Ça fonctionne vraiment bien ! Certes le grave reste un peu rond (tout comme l’enceinte a tendance à l’être) mais le Virtus emmène la Watt/Puppy avec beaucoup de finesse, et en a sous la pédale ! Notons que la Watt/Puppy constitue sans doute la limite haute du Virtus en termes de charge.
Enfin, puisque le Virtus nous donne depuis le début une sensation de naturel et de clarté, il nous semblait judicieux de le marier avec une marque d’enceintes qui présente ces même qualités : nous avons nommé Wilson Benesch ! Ici un test d’écoute du Virtus avec la nouvelle enceinte Horizon de la marque anglaise :
Eh bien pour écouter du classique notamment, le mariage est très intéressant ! On tire vraiment la quintessence du Virtus avec une enceinte de ce niveau.
Conclusion:
Pour 6149 Euros, le Virtus A3 se hisse sans doute dans le top 10 des rapports Musicalité/Prix des amplis intégrés du magasin. Tout ce qu’il propose, il le fait bien (super pré-ampli + bloc, très bon DAC, et les pré-Phono et ampli casque sont aussi très sérieux – nous avons eu l’occasion de les essayer depuis début septembre). On retiendra un grand naturel tout le long du spectre, un médium-aigu précis et aiguisé, et un rapport Puissance/Prix tout à fait intéressant.
Bien sûr il ne se hisse pas au niveau des Modwright KWH225i ou Dan d’Agostino Pendulum, mais ces dernières machines sont deux à trois fois plus chères. Nous pouvons néanmoins comparer le Virtus A3 et le Copland CSA 150, si ce n’est que ce dernier nous semble moins puissant.
En bref, avec le Virtus A3, offrez-vous l’émotion musicale à un prix raisonnable !
