Sonus Faber Amati Suprême : Le test d’écoute

Banc d’essai de la nouvelle Amati Suprême

Nous l’avions reçue quelques jours avant notre dernière Journée Portes Ouvertes ; la nouvelle Amati Suprême de chez Sonus Faber trône depuis lors dans notre auditorium n°3, et il nous a semblé opportun de la mettre au banc d’essai. Zoom sur cette enceinte étonnante, au design et aux finitions remarquables, à l’instar de la marque italienne.

• Présentation de l’enceinte

L’Amati Suprême est une colonne « 4 voies et demi » (la voie des graves étant doublée), reprenant la philosophie des coffres de l’Amati pour ce qui est du meuble et des partages de volumes internes, et héritant du trio de voies supérieures de la Suprema « Voice of Sonus Faber » (constitué d’un médium avec membrane papier, et de deux twitters – 38 et 20 mm – à dômes en soie). Ces voies supérieures rayonnent dans un volume tapissé de liège. Ce liège ne constitue pas une surface plane mais forme de multiples dômes, et cette forme complexe a été réalisée par simulation informatique, de sorte à optimiser le rayonnement acoustique et limiter les modes propres et les effets de caisse.

L’Amati Suprême en coloris « Sabbia Oro »

La fenêtre en Y, laissant entrevoir les composants du filtre

Zoom sur la paroi de liège tapissant le volume des trois voies supérieures

Côté design, le meuble hérite bien sûr de la « classe à l’italienne » que l’on associe volontiers à Sonus Faber. Autant de soin est apporté à l’esthétique de l’enceinte, qu’à ses qualités acoustiques. On apprécie les détails, notamment la fenêtre en Y sur le dessus de l’enceinte qui permet d’entrevoir les composants du filtre. L’enceinte est disponible en deux coloris mats exclusifs : Sabbia Oro (c’est celle que nous vous présentons) et Terra Rossa.

A l’arrière, l’Amati Suprême dissimule un système d’ajustement du bas-médium et du haut-médium. On insère des cavaliers conducteurs (qui ne sont en aucun cas résistifs) dans les petits borniers prévus pour cela, et cela change la configuration du filtre. A l’écoute, on atténue légèrement le haut-médium et l’aigu quand on insère les cavaliers correspondants. Selon la marque, cela permet à l’auditeur de « personnaliser l’espace sonore selon son propre lieu d’écoute ». Dans notre auditorium, après de multiples tests d’écoute, c’est en insérant les deux cavaliers qu’on obtient le meilleur équilibre le long du spectre en fréquences.

Les deux cavaliers en place : un pour le médium-grave et un pour le médium-aigu.

Enfin l’Amati Suprême est une colonne assez énergivore, il lui faut donc des électroniques puissantes et bien maitrisées pour s’épanouir pleinement. Dans notre test d’écoute nous utilisons deux amplis différents, délivrant chacun autour de 2 x 400W sous 4 ohms.

• Test d’écoute :

Nous comparerons deux set-ups différents (dans les deux cas on écoute Qobuz Connect) :

Le premier système est constitué du Ayon S-10 II Signature comme source et DAC, et de l’intégré hybride Modwright KWH-225i :

Et pour le second système, on drive l’Amati Suprême avec le Progression de chez Dan D’Agostino (intégré tout-en-un si l’on possède les options de cartes Stream et DAC, comme c’est le cas sur notre machine) :

• Les albums :

On commence avec le titre Short Ride sur l’album « Manu Katché » du célèbre batteur, chez ECM.

Avec le duo Ayon S10 + Modwright KWH225 :

L’intro est superbe, les timbres des cuivres sont bien restitués. À 00 min 43, l’orgue Hammond et l’entrée de la batterie sur la ride sont très clairs ; c’est fluide et transparent. À 1 min 07, sur les « backgrounds » trompette + sax, on confirme notre impression de grande clarté de l’enceinte, et de grande précision dans le médium et l’aigu. À 1 min 52, on a une « walking-bass » très agréable, pas envahissante, et relativement bien définie. Et un solo de sax ténor qui nous donne envie d’écouter une voix sur le prochain morceau : quelle finesse, quel détail !

Avec le Dan D’Agostino Progression :

L’intro est encore plus définie : on entend tous les détails d’air dans les embouchures du sax ténor et de la trompette. À 00 min 43, le swing sur la ride est un vrai plaisir. Le solo de sax semble encore plus immersif et juste avec le Progression. La walking-bass est agréable, mais pourrait être un petit peu mieux définie selon nous, et de même pour le tom-basse de la batterie dans les breaks de la fin du morceau ; ce tom-basse reste un peu rond, impression que avions aussi mais dans une moindre mesure, sur le duo Ayon-Modwright.

On poursuit notre test d’écoute avec You’re the Top de Stacey Kent sur l’album The Boy Next Door.

Que ce soit avec le Progression ou avec le duo Ayon S10 – Modwright KWH225i, on sent dès l’intro que l’Amati Suprême met l’accent sur le timbre, et la texture des sons. C’est certainement dû à la technologie VSF (Voice of Sonus Faber) qui cisèle de détails le spectre dès le médium-grave. Le piano est agréable, les balais sur la caisse claire le sont tout autant, et à 00 min 12 à l’entrée de la voix, c’est sublime, d’immersion et de justesse de la voix. L’image de l’ensemble est parfaitement définie. On note globalement une contrebasse un peu mieux définie avec le Ayon S10 et le KWH225i qu’avec le Progression ; c’est sans doute dû à la source Ayon S10 que nous trouvons plus fluide et plus « pleine » que la carte Stream du Progression. En revanche le Progression nous bluffe par ses capacités d’amplification : on sent une plus grande marge qu’avec le duo Ayon-Modwright, bienvenue pour driver une enceinte aussi exigeante et gourmande que l’Amati Suprême.

On conclut notre test d’écoute avec le Prélude 1 de la Suite pour Violoncelle No.1 en Sol Majeur de Jean-Sébastien Bach, interprétée par Anner Bylsma, sur l’album Suites for Violoncello Solo, BWV 1007-1012.

Avec le Dan D’Agostino Progression :

On obtient d’excellents timbres. Les deux octaves et demi de tessiture de l’œuvre sont parfaitement définies. Quel plaisir d’entendre un tel « grain » sur le violoncelle ! On a aussi une grande qualité des silences, et une impression de grande dynamique.

Avec le duo Ayon S10 – Modwright KWH225i :

La source nous semble très résolutive, mais l’ampli moins détaillant, et moins « dans la matière » que le Progression sur cette même pièce. On a aussi des silences un peu moins purs avec le KWH225i qu’avec le Dan D’Agostino Progression.

Mais sur les deux systèmes, l’Amati Suprême se révèle être un vrai plaisir (de pureté) sur ce prélude pour Violoncelle de Bach. Car « l’air » que restitue la colonne participe à la sensation de grande finesse des timbres qu’elle nous donne depuis le début, même comme ici, sur un instrument qui joue plutôt dans le grave.

Et pour avoir écouté de nombreux autres titres, nous savons que la musique classique est bien adaptée à cette enceinte, c’est pourquoi nous avons voulu écouter cette Suite de Bach.

Enfin, nous associons la légère rondeur persistante du grave au manque de rodage de l’enceinte ; il est vrai qu’hormis la Journée Portes Ouvertes et sa préparation, et quelques séances d’écoute depuis, l’enceinte est neuve.

• En résumé

La Sonus Faber Amati Suprême est une enceinte haut de gamme, très réussie sur tous les plans (esthétique, et sonore) ; elle honorera les timbres de vos musiques préférées par une grande définition du spectre dès le médium-grave. C’est une enceinte équilibrée, que quelques visiteurs de notre Journée Portes Ouvertes avaient trouvée légèrement montante, mais cela nous semble être dû au manque de rodage de l’enceinte et à sa mauvaise configuration des cavaliers ajusteurs ce jour-là. Dès que nous avons inséré tous les cavaliers à l’arrière de l’enceinte suite à cette journée, elle s’est révélée bien plus équilibrée et juste.